Je peins parce que je ne peux pas faire autrement. C’est ce que je voulais déjà faire quand j’étais toute petite, et bien que parfois j’ai pensé ou tenté autre chose, j’en suis toujours revenue au dessin et à la peinture. J’ai commencé à peindre à l’huile vers l’âge de 14 ans et, plus tard, j’ai étudié quelques années à l’École des Beaux Arts de Québec. Je peignais de plus en plus souvent, à chaque moment libre, puis, dans les années 70, ce fut presque tous les jours, plusieurs heures par jour. Peu importe le lieu ou l’heure. Maintenant, quelques jours sans peindre, c’est pour moi comme quelques heures sans manger, sans boire, sans respirer.

Impossible de faire autrement. Bref, peindre c’est ma vie.

Au début, mes sujets portaient sur les paysages du Québec mais surtout sur le patrimoine bâti, vieilles maisons patrimoniales, granges, scènes de rue d’autrefois. Puis j’en suis venue à peindre les objets de notre patrimoine. J’aime la petite histoire, celle de nos aïeux et des objets qui peuplaient leurs vies. Ce sont mes natures mortes, grandement influencées par les peintres de l’époque de la première renaissance, mais surtout les Flamands tels Heda, De Heem ou Kaltz. Leur façon d’exprimer des messages par la symbolique des objets, la perfection de la composition, la finesse et la transparence de la matière dans leurs œuvres m’ont donné envie de rechercher cette même perfection, en dépit de la mode picturale du moment.

Les collectionneurs qui achètent mes toiles, de même que ceux qui ne font que les aimer, sont sensibles à tout cela, même s’ils ne sont pas toujours de grands connaisseurs. Et c’est une joie pour moi de constater que j’ai réussi à transmettre l’émotion que j’ai voulu y exprimer. Et il en est de même avec mes toiles sur les légendes ou ma nouvelle série sur les œufs.

Toujours, dans mes œuvres, je joue avec le sens des objets, des couleurs, des mots et du contexte. J’y mets toujours un message plus ou moins caché, parfois sérieux, parfois humoristique et même parfois ironique. J’évite tout ce qui n’a qu’une fonction purement décorative, juste jolie, ou banale, ou médiocre que voudrait nous imposer des modes éphémères. Je peins avec tout mon cœur, pour faire ressentir, réagir, réfléchir et aimer.